Les délires du maire de Rodez au sujet de la dotation globale de fonctionnement (DGF)

Lors du Conseil communautaire de Rodez Agglo du 01 avril dernier, en préambule à celui-ci, Teyssèdre s’est lancé dans une longue diatribe verbale à l’encontre de la DGF (dotation globale de fonctionnement). Hélas, ce n’était pas un poisson d’avril !

Alors que le sujet n’était pas à l’ordre du jour, M. Teyssèdre s’est spontanément lancé dans un soliloque de 30 mn contre l’Etat qui serait un bien mauvais gestionnaire mais aussi les parlementaires qui seraient, toujours selon lui, responsables de cette nouvelle baisse de la dotation de Rodez.

Le président de l’agglo avait ce soir-là revêtu les habits du candidat à la mairie de Rodez, oubliant au passage qu’il présidait un Conseil communautaire et non un Conseil municipal. Bien sûr, après sa tirade en solitaire, il n’a même pas eu l’élégance de donner la parole aux élus qui ont assistés médusés à cette intervention totalement déplacée.

Ce comportement, davantage digne d’un autocrate que d’un élu de la République, faisait suite à la notification le jour même aux collectivités locales du montant de la DGF pour 2025. M. Teyssèdre a à peine évoqué la DGF de Rodez Agglo qui passait de 6 015 288 € en 2024 à  6 008 334 € en 2025 soit une baisse de - 6 954 € contre une hausse régulière les années précédentes.

Les objectifs de la dotation globale de fonctionnement (DGF)

La DGF versée par l’Etat aux collectivités locales a été créée en 1979 et a fait l’objet de plusieurs réformes successives.  Elle représente en moyenne 15% des recettes réelles de fonctionnement des communes (9.3% pour Rodez en 2024), 18% pour les EPCI et 11% pour les départements.

La DGF répond à deux objectifs principaux :

  • Assurer aux collectivités des ressources relativement stables et prévisibles,
  • Permettre une péréquation verticale en apportant un soutien aux collectivités confrontées à des charges importantes sans pour autant disposer de ressources suffisantes pour y faire face.

Les principaux critères pris en compte pour le calcul de la DGF sont de nature très diverse : 

  • démographie (population, évolution de la population, nombre d’enfants…) 
  • sociale (nbre logements sociaux, quartiers prioritaires de la politique de la ville…)
  • financière : (potentiel fiscal et financier, effort fiscal, attribution de compensations par EPCI…)
  • géographique (superficie, classement en zone de montagne, longueur de la voirie…)
  • administrative (préfecture, chef-lieu de canton, classement en zone FRR…)

Après une baisse importante entre 2013 et 2018, la DGF est aujourd’hui stabilisée avec une hausse modérée de 790 millions d’euros depuis 2022. En 2025, le montant moyen de DGF versé au plan national s’établit à 174 € par habitant pour une commune, à 86 € pour les EPCI et à 114 € pour les départements. Pour la ville de Rodez, le montant versé à la commune à ce titre est de 126 € par habitant.

Rappelons que depuis toujours, la DGF perçue par Rodez est inférieure aux villes comparables, preuve de sa relative bonne santé économique et financière. La baisse enregistrée depuis 2013 ne déroge pas cette tendance.

Une forte baisse de la DGF entre 2013 et 2017, sous la présidence Hollande

Entre 2013 et 2017, sous la présidence de François Hollande, l’enveloppe annuelle globale de la DGF est passée de plus de 40 milliards d’euros à 29 milliards en 2017, soit une baisse de 11.2 milliards d’euros. Cette forte baisse qui avait impacté lourdement l’ensemble des collectivités territoriales françaises, visait notamment à rétablir les finances de l’Etat.

Entre 2013 et 2017, la commune de Rodez a ainsi vu sa DGF passer de 5 735 362 € à 3 419 412 €, soit une baisse de 2 316 000 € (-40,4%). Aussi étonnant que cela puisse paraître, ni le maire de Rodez, ni le président de Rodez-Agglo, ne se sont jamais manifestés pour critiquer l’ampleur de cette baisse.

En 2018, la Cour des comptes n’avait toutefois pas manqué de constater que cette importante baisse de la DGF avait permis de stabiliser la progression des dépenses de fonctionnement, tout en limitant la baisse des dépenses d’investissements à -10%. En outre, la baisse de la DGF n’avait conduit à une stabilité de la dette et à la progression de l’épargne. 

Il est donc parfaitement mensonger de vouloir laisser croire aux ruthénois que cette baisse de la DGF aurait entrainé des difficultés financières pour les collectivités qui, rappelons-le, ont vu par ailleurs leurs recettes et les autres dotations de l’Etat augmenter sensiblement au cours de cette période.

A partir de 2018, sous la présidence Macron, la baisse de la DGF a été fortement réduite

Dés 2018, l’enveloppe globale de la DGF s’est stabilisée pour atteindre 27.4 milliards en 2025, avec une légère progression de 790 millions à partir de 2022 (+150 millions d’euros en 2025). De fait, la majorité des collectivités a vu sa dotation se stabiliser, voire même progresser surtout en zone rurale.

Parallèlement, les recettes fiscales des communes ont continué de croître fortement notamment entre 2022 et 2024 en application de la loi de finances prévoyant une forte revalorisation des valeurs locatives de +3.4% en 2022, +7.1% en 2023 et +3.9% en 2024. Des hausses jamais vues depuis 20 ans qui n’ont pas manqué d’abonder les recettes des collectivités. Aucun élu n’a d’ailleurs contesté cette hausse.

Par ailleurs, contrairement à ce qu’affirment certains maires probablement mal informés, les communes ont bénéficié d’une compensation intégrale de la suppression de la taxe d’habitation par une augmentation corrélative de leur taxe foncière. Elles n’ont eu aucune perte de recettes fiscales tout en préservant leur autonomie financière, contrairement aux EPCI, départements et régions.

A Rodez, entre 2018 et 2025, la baisse de la DGF a été contenue, passant de 3 334 473 € à 3 049 001 €, soit une diminution de -285 472 € (-8.6%) en 8 ans. La baisse annuelle de la DGF pour Rodez a été de -35 600 € seulement ces dernières années, contre -463 200 € entre 2013 et 2017. En 2025, la DGF de Rodez s’établit à 3 049 001 €, est en baisse de 62 520 €.

Rappelons que si le maire de Rodez estime que la dotation a été mal calculée, libre à lui de formuler dans le délai de deux mois, un recours dument motivé auprès de la Préfète de l’Aveyron. Mais il est vrai qu’il faut pour cela de sérieux arguments et maitriser la matière. Il est plus aisé de s’agiter vainement pour faire le buzz auprès de quelques médias !

Pourquoi le maire de Rodez a-t-il mis autant de temps pour réagir alors que la baisse de la DGF est devenue marginale pour Rodez depuis 2018 ?

M. Teyssèdre ne paraît pas très bien placé pour venir pleurnicher sur la baisse de la DGF de sa ville ces dernières années, lui qui n’avait pas dit mot lors de la forte baisse enregistrée entre 2013 et 2017 de -2 316 000 €, alors qu’elle n’a été que de -285 472 € entre 2018 et 2025. Pourquoi ces soudaines gesticulations médiatiques de M. Teyssèdre aujourd’hui ? 

Qui plus est, contrairement à ses allégations mensongères, cette forte baisse de la DGF entre 2013 et 2017, n’a aucunement mis les finances de la ville en difficulté. Bien au contraire. Au cours de cette même période, la situation financière de Rodez s’est nettement améliorée, notamment du fait du niveau élevé des recettes et malgré le dérapage des dépenses de fonctionnement en 2023.

Budget principal de Rodez (Source : DGCL / Budget principal - Compte administratif 2013 & 2017 / Compte financier unique 2023)

  • Les recettes de fonctionnement sont passées de 36.4 M€ en 2013 à 38.1 M€ en 2023 (+4.4%)
  • La DGF de 5.6 M€ en 2013 a baissé à 3.4 M€ en 2017 (-38.8%), puis 3.1 M€ en 2023 (-44.0%)
  • Les dépenses de fonctionnement sont passées de 28.04 M€ en 2013 à 29.4 M€ en 2023 (+3.6%)

Au cours de cette même période 2013 à 2023, l'évolution de la situation financière a été la suivante :

  • Epargne brute : De 8.05 M€ en 2013, elle est montée à 10.8 M€ en 2023 (+34%)
  • Endettement : De 26.5 M€ en 2013, il a été ramené à 0 € en 2023 en 9 ans (-100%)
  • Fonds de roulement : De 3.0 M€ en 2013, il est monté à 16.3 M€ en 2023 (+445.4%)

Au vu de ces données, l’évolution des finances de la ville de Rodez tend à démontrer que l’Etat a eu parfaitement raison de réduite drastiquement la DGF. Pourquoi dilapider l’argent publics alors que malgré la cure d’amaigrissement imposée, la situation financière des collectivités s’est sensiblement améliorée.

La situation de Rodez est à cet égard exemplaire et démontre la stupidité des réactions de M. Teyssèdre face à la DGF. En effet, malgré la baisse considérable de la DGF entre 2013 et 2017, la dette consolidée de Rodez qui était supérieure à 32 millions d’euros en 2014 est tombée à 0 en 2022. Par ailleurs, la trésorerie, inférieure à 3 millions d’euros en 2013, a atteint un niveau stratosphérique jamais atteint et pour le moins anormal de 23 millions d’euros en 2024. 

Que M. Teyssèdre s’enferre aujourd’hui à soutenir que la baisse de la DGF aurait mis à mal le potentiel de la ville et l’empêcherait d’aller de l’avant relève de la pure fantasmagorie. D’ailleurs, contrairement à ce qu’il prétend, cette situation démontre au final que la ville de Rodez, avec une dette de zéro et une trésorerie pléthorique est loin d’être un exemple de saine gestion de ses finances. Tout contribuable soucieux des deniers publics peut d’ailleurs légitimement s’interroger de savoir s’il est normal que dans une telle situation, la commune de Rodez puisse encore être éligible à la DGF ?

Non M. Teyssèdre, la DGF n’est pas un du par l’Etat 

Obsédé par les élections municipales de 2026, M. Teyssèdre tente de faire diversion en laissant croire qu’il serait une fois de plus une victime

La ficelle est un peu grosse, mais comme on dit : "plus le mensonge est gros, plus çà passe", surtout quand il s’agit de chiffres. Dans ce domaine, M. Teyssèdre est passé maître (certains le comparent au célèbre prestidigitateur Gérard Majax) tant il n’hésite pas à balancer en public les données tout autant invraisemblables qu’invérifiables, en mélangeant tout et n’importe quoi. 

M. Teyssèdre vend beaucoup de vent lors de ses interventions et si pas grand monde n’ose le contredire, personne n’est dupe des manipulations et autres mystifications. 

Sa dernière intervention à Rodez Agglo sur la DGF est un bel exemple de gesticulation politicienne. La photo publiée par le journal local illustrait parfaitement la position des élus : « cause toujours, tu nous intéresses » ! Plutôt que d’écouter les délires de M. Teyssèdre, une majorité d’entr‘eux a passé le temps de l’intervention (non inscrite à l’ordre du jour) à pianoter sur son téléphone en attendant la fin. Une intervention hors de propos et sans intérêt pour les élus, si ce n’est pour certains médias ! 

Alors que la situation financière de Rodez a rarement été aussi favorable (en dépit de la baisse de la DGF) et que la ville n’hésite pas à s’engager dans des investissements pour le moins discutables, pour ne pas dire somptuaires, comment un élu de la République peut-il mettre en cause l’Etat qui a fait preuve de beaucoup de générosité à l’encontre de sa ville ces dernières années, via diverses dotations et subventions exceptionnelles, sans parler de la forte augmentation des recettes fiscales ?

Par ses diatribes incessantes, M. Teyssèdre se ridiculise et s’isole un chaque jour un peu plus 

Non M. Teyssèdre, la ville de Rodez est n’est pas fondée à critiquer avec autant de véhémence et de légèreté la DGF.  Ces interventions répétées pour le moins farfelue décrédibilisent la collectivité, d’autant que nulle part ailleurs de tels propos sont tenus.

Non M. Teyssèdre, la ville de Rodez n’a en aucune manière perdu la somme délirante de 36 millions d’euros (hors l’inflation !) au titre de la DGF depuis 2014. Ces chiffres abracadabrants relèvent d’une vision décalée et totalement erronée. Si Rodez avait perdu autant d’argent en si peu de temps, ses finances seraient aujourd’hui exsangues, sa dette aurait explosé et sa trésorerie pléthorique actuelle se serait envolée. 

Non, M. Teyssèdre, tenter de faire croire que les parlementaires et notamment le député de la circonscription en poste depuis 2017 seulement, serait responsable de la baisse de la DGF entre 2013 et 2017, est purement mensonger. 

Non M. Teyssèdre, si les parlementaires votent une enveloppe globale de DGF dans le cadre de la loi de finances, ils ne déterminent en aucune manière le montant revenant à chaque collectivité. C’est là le travail de la Direction générale des collectivités locales (DGCL) sous le contrôle du Comité des finances locales (CFL) dont le président depuis 2012 n’est autre que M. André Laignel, également 1er vice-président l’AMF (l’association des maires de France). Un proche de M. Teyssèdre auprès de qui il devrait s’informer sérieusement avant de raconter n’importe quoi.

Oui, j’encourage M. Teyssèdre à faire un peu moins de politique politicienne autocratique et à faire preuve d’un peu plus de réalisme et de pragmatisme au service de l’intérêt général, plutôt que de passer son temps à préparer les prochaines élections municipales auxquelles il rêve de se faire réélire pour un 4ème mandat. A le pouvoir !

Oui, le maire de Rodez serait mieux inspiré de gérer rigoureusement et au quotidien sa ville en la préparant aux défis de demain, conformément au mandat qui lui a été confié. 

Oui 2026 arrive et après 18 ans à la tête de la mairie, il est temps pour Rodez de tourner une page et de regarder l’avenir.

Pour plus d’information :

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