Rodez : Non M. Teyssèdre, la baisse de la DGF n’a pas pénalisé la ville

Entre 2013 et 2017, sous la présidence de François Hollande, la Dotation globale de fonctionnement (DGF) versée aux collectivités locales a connu une baisse sans précédent au niveau national de 11 milliards d’euros, passant de 40 milliards à 29 milliards d’euros en 2017. Cette baisse avait notamment pour objectif de rétablir les finances publiques. 

Pour la commune de Rodez, au cours des années 2013 à 2017, cela s’est traduit par une baisse de près de 40% de la DGF pour la ville de Rodez (celle-ci passant de 5.584 M€ à 3.419 M€), sans que cela ait entrainé la moindre réaction des élus locaux et du maire de Rodez en particulier à ce moment-là. 

Or, voilà que 7 ans plus tard, ce dernier se met subitement à pleurnicher sur une baisse qui pénaliserait les finances de la ville. Dans un article de presse, il a même été jusqu’à alléguer : « on se fait dépouiller par l’Etat ».

Le maire de Rodez ne manque pas d’air en dénonçant une baisse aujourd'hui marginale

Si elle aurait pu être entendu jusqu’en 2017, en raison d’une baisse très importante, cette doléance n’est plus d’actualité depuis 2018 puisque la baisse globale de la DGF a été stabilisée au plan national et qu’à Rodez, si elle persiste, elle ne dépasse pas aujourd’hui 24 000 € en moyenne par an contre plus de 430 000 € par an entre 2013 et 2017. 

Lors du débat d’orientation budgétaire de Rodez en novembre dernier, puis à l’occasion du Conseil d’agglomération du 17 décembre, M. Teyssèdre est revenu sur cette rengaine contre la baisse de la DGF et la mise en cause de l’Etat. Il a même regretté que toutes les communes ne manifestent pas massivement contre la baisse des dotations de l’Etat, oubliant au passage que la grande majorité des communes aveyronnaises ont connu une stabilité de la DGF depuis 2018 et même une augmentation pour nombre d’entre-elles.

Il faut arrêter de dire n’importe quoi et de mentir aux ruthénois.

Rappelons que la péréquation prévue par l’article 72-2 de la Constitution vise à favoriser une certaine équité entre les collectivités territoriales. Elle consiste pour l’Etat à répartir les dotations versées aux collectivités territoriales en fonction de leurs caractéristiques financières notamment.

Malgré la baisse de la DGF, la situation financière de Rodez n’a jamais été aussi bonne

Alors que depuis 2023 la ville de Rodez laisse filer les dépenses de fonctionnement et n’hésite pas à se lancer dans le quoi qu’il en coûte (généralisation des gratuités et autres réductions), il ne paraît pas décent de laisser croire aux citoyens que la ville de Rodez serait pénalisée et que l’Etat ne remplirait pas ses obligations. Est-il raisonnable et crédible pour un élu de la République de laisser croire que les communes seraient financièrement irresponsables et que l’Etat leur doit tout, même lorsque leur situation financière est bonne ?

En effet, l’évocation de la perte de DGF par Rodez apparaît pour le moins ubuesque lorsque l’on sait que la dette consolidée qui était de 32 millions d’euros en 2013, est tombée à 13 millions d’euros en 2018 (malgré la forte baisse de la DGF à cette époque), puis à seulement 1 millions d’euros en 2023. 

Encore mieux, au cours de cette même période, le fonds de roulement net global est passé de 2.6 millions d’euros en 2014 à plus de 14 millions d’euros en 2018 et 16 millions en 2023. Manifestement, la réduction de la DGF n’a en rien porté préjudice aux finances de la ville, bien au contraire, sa situation financière n’a cessé de s’améliorer depuis 2014 générant en 2024 une trésorerie record. Est-ce pour autant un signe de bonne gestion ? Il est permis d’en douter.

Pour M. Teyssèdre, tous les coups sont permis en vue de sa réélection 

Comment oser se plaindre de la baisse de la DGF dans ces conditions ? Il ne paraît pas anormal qu’au cours des dernières années, la DGF de la ville de Rodez ait été ajustée et demeure en légère baisse depuis 2018. La comparaison avec des villes de la même strate montre d’ailleurs que Rodez est loin d’être la plus mal lotie au regard de sa gestion : une dette zéro, une épargne nette record, un niveau élevé de trésorerie, une population qui ne progresse pas et un revenu médian parmi les plus élevé.

Pourquoi persister à alléguer l’invraisemblable, à savoir que « la ville se ferait dépouiller par l’Etat », alors même que l’Etat s’est montré particulièrement généreux envers Rodez ces dernières années au vu des dotations et aides accordées par ailleurs de plusieurs millions d’euros (DSIL, Action Cœur de ville, fond Vert, et c…). 

Ce qui pousse M. Teyssèdre au ridicule dans ce dossier, ce sont les prochaines élections municipales où il se prépare activement à un quatrième mandat en y consacrant tout son temps ! Celui qui avait pourtant annoncé lors des dernières élections de 2020 que ce serait son dernier mandat, a changé d’avis. Manifestement, après trois mandats, il a pris goût au pouvoir et n’entend pas le lâcher facilement…

Ne lui en déplaise, pour Rodez et son agglomération, le temps est venu de tourner la page et de penser enfin à préparer l’avenir des ruthénois plutôt que de se perdre en conjectures politiciennes stériles. Rodez mérite mieux que ces chicayas lamentables !

Joseph Donore


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